En spiritualité, la pratique de la bienveillance et la méditation sur la compassion sont bien établies, guidant les individus vers une plus grande empathie et une plus grande paix intérieure. Pourtant, lorsque nous arrivons sur le lieu de travail, ces principes semblent passer au second plan, supplantés par la recherche de l’efficacité de la gestion et de la maximisation des profits. Cette déconnexion pose une question cruciale : la bienveillance est-elle intrinsèquement opposée aux principes des organisations et du profit, ou peut-elle réellement constituer le fondement d’un leadership et d’une gestion efficaces ?
L’amour bienveillant ne consiste absolument pas à être toujours « gentil » ou à éviter les décisions difficiles. Il s'agit de cultiver une forme de gentillesse qui découle d'un lieu d'amour universel : l'amour de soi, de la vie et de tous les êtres vivants. Cette forme de gentillesse n’est pas un signe de faiblesse ; c'est plutôt une source de force, parfaitement compatible avec les exigences du travail. Regardez une éducation où l'amour pour nos enfants coexiste avec l'établissement de règles, le feedback et la punition si nécessaire... Ce n'est pas la chose la plus facile à faire et parfois les parents se fâchent aussi, mais l'amour reste le fondement et il est compatible avec l'éducation. La bienveillance sur le lieu de travail, c'est aussi guider, soutenir et parfois prendre des décisions difficiles, tout en maintenant compassion et empathie.
Malheureusement, la bienveillance au travail brille principalement par son absence dans des situations difficiles telles que des commentaires négatifs ou un licenciement. Et c’est précisément dans ces moments-là que sa présence est la plus cruciale. C’est lorsque quelqu’un commet une erreur qu’il a le plus besoin de soutien, de conseils et d’encouragement, et non de haine et de mépris. Un lieu de travail dépourvu d’amour et de compassion est nécessairement un lieu où des masques sont portés et des rôles sont joués, souvent au détriment d’une véritable connexion et compréhension. Nous parlons d’une transformation profonde, exigeant l’abandon des structures organisationnelles fondées sur la dynamique du pouvoir et la soumission vers un modèle où le soutien, l’orientation et l’encouragement sont primordiaux. Cela nécessite que les organisations passent d’un modèle de pouvoir basé sur l’armée à une structure de type éducatif : moins comme l’armée, plus comme l’université !
Ce changement commence par la redéfinition des qualités que nous valorisons chez les managers et les dirigeants. Les meilleurs managers doivent ressembler à des éducateurs : des individus capables de soutenir, de former et d'offrir des commentaires d'une manière qui favorise la croissance et le développement. Actuellement, la préférence va souvent aux individus capables de diriger, de superviser et de juger, car ils semblent forts. Les entreprises assimilent généralement la gentillesse à la faiblesse. Pourtant, la véritable force réside dans la capacité à transmettre des messages difficiles avec compassion, en comprenant que la bienveillance peut combler les écarts et transformer la dynamique du lieu de travail.
Si l’idée d’intégrer la bienveillance dans les pratiques de gestion semble exagérée, envisagez de commencer par la promotion de la paix, du plaisir et de l’enthousiasme. Ces éléments doivent de toute façon s’épanouir comme condition préalable à l’introduction de styles de leadership et de gestion ancrés dans la bienveillance. Alors que nous poursuivons notre série « La joie au travail », nous explorerons ces quatre prochaines dimensions : la gratitude, l'épanouissement, le bonheur et l'unité, jetant les bases d'une nouvelle approche où nos valeurs au travail deviennent compatibles avec nos valeurs dans la vie, une meilleure vie.
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